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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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2 décembre 2011

Photo for pub

J'ai suivi les 5 épisodes d'une sorte de Nouvelle Star de la photographie, sur Arte : Photo for life.  Il s'agissait pour 6 jeunes talents de relever des défis photograpiques concoctés par un maître, Oliviero Toscani, créateur de la plupart des campagnes choc de Benetton.  On se souvient tous de certains de ses clichés, qui ont fait le tour du monde pour populariser la marque du type qui exproprie honteusement les indiens mapuches de leurs terres ancestrales en Argentine.  Mais la question n'est pas là.

Oliviero Toscani se considère avec raison comme un artiste.  Et en tant que tel, il a une vision du monde et une philosophie tout à fait personnelles.  Du genre : "écoutez ce que veut le marketting, et faites exactement le contraire".  De ce point de vue, il a dit des tonnes de choses justes à ces jeunes gens qui voulaient percer dans son domaine.  Notamment qu'il fallait avoir sa photo en tête avant même d'appuyer sur l'obturateur et qu'il n'était nul besoin de regarder sur l'écran après coup pour vérifier.  Parce que c'est la vision qui prime.  Et aussi que l'art ne parle jamais de rien d'autre que de la condition humaine.

Toscani

En cela, la peintre que je suis est tout à fait d'accord avec lui.  Mais il y a des points sur lesquels nos avis divergent, cependant. Par exemple, il a imposé à ses "élèves" une économie de moyens qui les a, le temps de l'émission, éloignés de leurs façons de faire habituelles.  Comme si l'épure permettait invariablement de revenir à quelque chose d'essentiel.  Pas forcément, à mon sens.  Le dépouillement a ses avantages, surtout du point de vue du style, mais il n'est pas l'unique réponse à une problématique complexe.  En prime, on a eu largement le temps de s'en lasser, comme spectateur, depuis que les artistes branchés se sont rués sur lui et en ont fait leur mode d'expression unique.

Il faut dire que M. Toscani est photographe de pub.  C'est peut-être là que le bât blesse.  Il est à la solde de commanditaires exigeants, avides de promouvoir leur marque et obsédés par la lisibilité de l'image qu'ils vont proposer au badaut.  Parfois, j'ai trouvé le regard des apprentis plus riche que le sien.  Lui voulait aller à l'essentiel, choquer, interpeler systématiquement, sans s'encombrer de détails illisibles.  C'est le cahier des charges de la "com" contemporaine, qui dispose de 3 secondes d'attention utile de la part du spectateur.  Et Oliviero Toscani excelle à optimiser ce créneau minuscule.  C'est un véritable talent et ça n'affadit en rien son message, mais il ne s'agit pas là de la seule approche artistique qui vaille.  Je ne crois pas que les tableaux de Léonard de Vinci tiendraient dans un cadre aussi réducteur.  Il faut du temps pour se laisser toucher par toutes les dimensions d'une oeuvre riche et complexe.  Sa fréquentation assidue me paraît une condition incontournable pour se l'approprier au point de pouvoir l'intégrer à son propre univers intérieur.

L'instantanéité est certes un art, mais elle ne gagne pas forcément sa majuscule à tous les coups.

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Commentaires
N
Complétement d'accord avec toi. Le maître mot est devenu la lisibilité. C'est bien parfois quand on a un message à faire passer, mais il me semble aussi que l'art c'est le plus souvent pas du tout lisible ou mieux encore lisible sur plusieurs étages, une première émotion et ensuite des découvertes progressives. Les plans successif, les détours et les détails pas visibles immédiatement, la richesse d'une oeuvre c'est quand on fait des découvertes chaque fois qu'on y revient.<br /> J'aime beaucoup ton aquarelle de la brume sur l'eau.
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