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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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13 septembre 2013

Le grand plongeon

L'un des thèmes récurrents dans les conversations du Symposium de Barcelone a été celui de la "Zone de Confort".  Rien à voir avec la salle d'attente d'un aéroport, bien entendu : il s'agit de cet ensemble d'habitudes techniques, de trucs réguliers et d'astuces pratiques qu'un artiste mobilise spontanément à chaque fois qu'il entreprend une nouvelle oeuvre.  Le débat a fait rage entre nous : s'agit-il d'une facilité coupable ou au contraire de l'affirmation progressive d'un style propre ? La question est posée.

Marion_by_Lapin

Ce dessin humoristique de Lapin (http://les-calepins-de-lapin.blogspot.fr/), illustrateur français installé à Barcelone et fin observateur de ses collègues sketcheurs, met en scène Marion Rivolier (http://marionrivolier.fr/), scénographe et carnettiste, que nous tenons tous pour la championne du monde de l'éjection de cette fameuse Zone de Confort. Plus elle malmenait ses stagiaires, plus ils jubilaient.  Ce qui pourrait passer pour du sadisme prend donc une tout autre dimension,  et on a entendu ces malheureux expropriés s'extasier sur les bienfaits de cette méthode musclée qu'on aurait pu croire traumatisante.  A les en croire, ils y auraient gagné en liberté.  Quel plus beau cadeau pourrait faire un enseignant à ses élèves ?  Bouddha ne disait-il pas qu'un bon maître ne formait pas de disciples mais d'autres maîtres ?

Au final, tous les ateliers proposés imposaient de renouveler complètement nos pratiques, en essayant de nouveaux matériels, ou des protocoles inédits.  On pouvait observer des participants totalement bloqués, au bord de l'apoplexie, penchés en sueur sur leurs carnets vierges.  Autant dire que c'était déstabilisant.  Nous sommes arrivés en pensant que nos habitudes, laborieusement forgées à coups d'erreurs éliminées au fil des ans, contribuaient à façonner notre style et soudain, il a fallu larguer les amarres et se vautrer avec délectation dans des expérimentations ultra-risquées (toutes proportions gardées, c'était pas le Vietnam non plus...).  Certains ont tout de suite été capables de jouer le jeu, d'autres ressemblaient davantage à des octogénaires à qui on aurait offert un baptême de saut à l'élastique pour leur anniversaire... (je confesse que j'étais de ceux-là).

Total, au diable la frilosité et la prudence, il faut bien convenir que c'est bien agréable de renouer avec l'intrépidité de l'enfance et de plonger ses mains dans le pot de peinture jusqu'au coude (c'est une image).  Au bout de deux jours, nous étions tous complètement frénétiques, avides de nouvelles expériences, à fureter fiévreusement dans le matériel des copains pour trouver l'outil invraisemblable qui allait renouveler notre pratique.  J'en ai vu tailler des petits morceaux de bois après la démonstration de Ch'ng Kiah Kiean (http://www.kiahkiean.com/) !

KK

Tout le problème, c'est de savoir combien de temps va durer l'effet Symposium... Déjà, un mois et demi seulement après les événements, lors d'une chasse au croquis en Bourgogne, on a entendu des dessinatrices épuisées par un effort de créativité débridée soutenu murmurer dans un soupir : "Bon, je retourne dans ma zone de confort"... On dirait bien que nous entrons dans une oscillation permanente dont l'amplitude va dépendre de combien de sketchcrawls on pourra faire dans l'année.

 

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