Les yeux ouverts, le coeur au repos

Je suis en pleine lecture du numéro 11 de l'Art de l'Aquarelle.  Encore de belles découvertes, dans un style réaliste, voire hyperréaliste qui me comble.  Mais à chaque fois, j'achoppe sur les commentaires des artistes qui ne trouvent rien d'autre à dire sur leurs oeuvres que de sombres explications alambiquées sur l'émotion qu'ils tentent de transmettre au spectateur.  Alors comme en l'occurrence, la spectatrice, c'est moi, je me torture et m'analyse pour savoir si j'ai été capable de recevoir cette intraveineuse d'émotion qu'ils me destinent, et la réponse est invariablement : non.  Voire : NOOOOOOON !  Soit ces gens racontent n'importent quoi sur ce qui les pousse à peindre, soit mes capteurs sont en panne.

Et pourtant, j'adore ce qu'ils font.  Par exemple, ce Bradley Hendershot qui magnifie les vieux bâtiments américains, Je suis vraiment admirative de son savoir-faire et j'envie le rendu de ses oeuvres.  Pourtant, quand je referme mon magazine, j'ai le sentiment d'avoir garé ma voiture sur le parking de la gare et de me rendre compte dans le train que j'ai oublié le chien dedans.  Serais-je gravement insensible ?  Frappée d'une sorte de handicap émotionnel qui m'empêcherait de saisir toute l'intensité des oeuvres que je contemple ?

J'en étais à me dire qu'il me manquait une case importante, que tout le monde semble posséder et exploiter avec aisance tant on me rebat les oreilles avec ces monceaux d'émotions qui se dégagent en torrents de tout ce qui se regarde quand, dans la même revue, je suis tombée sur le travail admirable d'une peintre américaine née au Japon.  A mon sens, elle renouvelle la nature morte avec fraîcheur et ingéniosité.  Sauf que, bien entendu, dans le petit texte qui accompagne les reproductions de ses oeuvres magnifiques, elle met l'accent sur l'émotion qu'elle tente de me transmettre, et qui se perd quelque part entre elle et moi dans les eaux tumultueuses et glacées de l'Atlantique.

Je culpabilisais une fois encore quand j'ai eu un déclic : elle expliquait qu'elle avait tenté de faire passer l'émotion qui l'avait étreinte en voyant sa cafetière en argent dans un rayon de soleil, près de la fenêtre.  Et là, j'ai commencé à entrevoir une explication.  Je n'appelle pas émotion le contentement, voire la jubilation joyeuse, qui me saisit quand la lumière éclaire d'une façon inédite les objets quotidiens.  Nous nous sommes tous arrêtés devant une scène qui attire notre attention, parce qu'elle châtoie soudainement sous l'éclat du soleil.  C'est une forme de beauté reconnue à peu près universellement, qui éveille chez les gens toute une gamme de sentiments, allant de la gratitude à l'euphorie.  Des sentiments.  Pas des émotions. 

Finalement, la grande fracture qui m'oppose à peu près à la terre entière en matière d'appréciation artistique est peut-être simplement le fruit d'un malentendu linguistique.  Peut-être que je ne suis pas si hermétique que ça, en fin de compte.  Je ne crois pas être la seule à n'éprouver aucune émotion pour ma théière, même quand elle se pare de ses plus beaux atours pour me ravir les yeux...  Faut pas exagérer.

Comments

[ka]

je m'excuse erreur de ma part de l'inscription c'est luke buck et non luck buck

extaordinaire pour moi merci

[Christine D.]

Je faisais régulièrement chou blanc, donc je me réjouis que vous ayez trouvé. Je vais allez voir de ce pas ce que fait ce monsieur, car votre description me met l'eau à la bouche. Bien cordialement.

[ka]

bonjour Christine par un hasard sur le net j'ai retrouver le nom du peintre américain

(luck buck ) aquarelle et gouache du Nevada qui a évolué dans l'amour de la vie de l'art et de la nature je vous remercie de votre gentillesse a mes recherches cordialement jean canivet

[Christine D.]

Bonjour, M. Canivet. Merci pour votre commentaire. A première vue, je ne vois pas de qui vous voulez parler, mais je vais me renseigner. Je vous tiens au courant. Cordialement, Christine D.

[ka]

bonjour je viens de découvrir ce peintre bradley - hendershot sublime de précision.et de couleurs. il y aurait 'il une personne a me répondre je recherche un peintre américain a l'aquarelle dont je me souviens plus le nom ses toiles se termine pas un trop plein de peinture et d'eau. qui dégouline dans le bas de ses toiles. il fait des paysages un peu dans le style de hendershot merci d'avance jean canivet