"Hither, Thither and Yon"
Sous ce titre obscur dont je ne risque même pas une tentative de traduction, l'anglais Barry Jackson nous a proposé une réflexion sur la construction des différents plans dans un sketch. Il avait une théorie récente très à lui, que j'appellerais "la thérorie de l'araignée et du chien enragé". Une vision très personnelle, ça se sentait tout de suite. En résumé : on peut découper l'espace que l'on a devant soi et que l'on se propose de dessiner en trois zones distinctes : celle dans laquelle la vue d'une araignée nous fait reculer, celle dans laquelle la vue d'un chien enragé nous tient sur nos gardes et le reste ! C'est une appréhension très subjective de l'espace, suivant qu'on est arachnophobe ou cynophile... D'ailleurs, Barry n'était pas très certain de pouvoir ériger ce schéma en archétype universel et c'est avec beaucoup d'humilité qu'il nous a proposé de mettre son petit système à l'épreuve.
Le temps qu'on arrive place de l'Université, il tombait une averse tout à fait incompatible avec l'exercice du croquis sur le motif. Après un petit moment de flottement, nous avons unanimement décidé de nous réfugier sous les parasols accueillants de la première terrasse à notre portée. Heureusement, la place offrait des perspectives intéressantes partout où l'on portait le regard, si bien que les 5 participants et notre instructeur avons pu nous livrer à nos expérimentations. Il s'agissait donc de faire apparaître clairement les différents plans qui s'ouvraient devant nous.
Total, chacun dans notre style, nous avons répondu au défi lancé par notre sibyllin instructeur : Pedro du Portugal a fait un dessin super dense avec des structures très travaillées, Isabel de Madrid (et Londres) a commis une oeuvre très enlevée de 60 cm de long dans son carnet accordéon et Florian de Berlin a choisi de représenter méticuleusement un édifice dans son environnement, à sa façon d'architecte... Mais à chaque fois, les plans apparaissaient clairement, par des artifices propres à chacun.
Dans mon cas, j'avais choisi de redessiner les contours du premier plan au feutre 0,8 tandis que le fond du décor était figuré au 0,1, dans le même temps que je consacrais mon gris le plus sombre à ce qui m'était le plus proche. Toutes nos méthodes fonctionnent, il faut seulement se poser la question avant de dessiner et répondre aux exigences spatiales pour que le spectateur puisse rentrer dans le dessin et s'y retrouver...