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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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31 octobre 2012

Problèmes de fonds

Il me fallait mettre la dernière main à un portrait de commande avant vendredi prochain.  Je suis largement dans les temps, pour une fois, puisqu'il ne me reste plus qu'à tailler le passe-partout et le tour sera joué.  Non pas que l'affaire ait été réglée en un tournemain.  Les difficultés se sont accumulées, me donnant l'occasion de réfléchir à des statégies pour tirer le maximum du matériel photographique déficient qui m'avait été soumis.  La cliente a dû recourrir à des ruses de sioux pour obtenir des clichés qui répondent à mes attentes minimales en termes de taille, d'exposition et de définition, sans attirer l'attention du modèle, puisqu'il s'agissait d'un cadeau, et même ainsi, il m'a été très difficile de savoir si j'allais réussir à saisir la ressemblance.

Faire un portrait, c'est compliqué.  Pour moi, c'est le sommet des savoir-faire de l'artiste, la discipline la plus exigeante.  Et aussi la moins rationnelle.  Il faut affronter l'idée que les gens se font de la personne représentée, et celle qu'elle-même se fait de son apparence.  D'ailleurs, quand on demande à quelqu'un de choisir sa photo préférée, il y a fort à parier qu'il va choisir celle qui lui ressemble le moins. Ou du moins qui correspond le moins à l'idée que les autres peuvent se faire de lui.  Quand la psychologie et l'affectif s'en mêlent, l'objectivité du regard de l'artiste est forcément mise à mal.  Et quand je parle d'objectivité, en prime, c'est un leurre, puisque j'ai forcément une opinion sur ce que je regarde, qui déforme la représentation que j'en fais.

Enfin, voilà, j'ai d'abord effectué un dessin au crayon de papier pour m'assurer que la cliente et ses proches retrouvaient la personne croquée et je me suis lancée.  Dans ce genre d'exercice, il faut non seulement capter la spécificité d'une personne, mais aussi savoir en tirer une image esthétique.  Que ça ressemble et que ça fasse une belle peinture à la fois.  Parfois, c'est carrément la quadrature du cercle.  En l'occurrence, la personne présentait des atouts sur lesquels j'ai pu m'appuyer : un regard intéressant, habité par une personnalité, une présence à la fois bienveillante et pleine d'autorité.  Il fallait faire ressortir tout ça.

C'est alors que s'est posé le problème du fond.  Au départ, ma cliente avait songé à des motifs végétaux.  Je croisais les doigts pour qu'elle renonce, parce que je considérais que ça distrairait le regard de l'essentiel.  Heureusement, l'idée a disparu d'elle-même.  J'ai donc réfléchi sereinement à la question, sans contraintes extérieures.  J'avais fait un petit schéma rapide de la composition à la palette graphique, sur lequel j'avais prévu un éclairage qui suive au plus près celui du visage : très clair à gauche et plus sombre à droite, principalement dans le but de fondre la joue dans le foulard.  Donc, j'ai accentué sur le portrait un liseré plus pâle sur la frontière droite de la joue, afin qu'elle ressorte malgré tout.

Après, j'ai laissé traîner le tableau sur la cheminée plusieurs jours, pour qu'on puisse s'en faire une bonne idée, à l'usage.  Car il y a bien usage en matière de peinture, aussi curieux que cela puisse paraître.  C'est la capacité qu'a l'image à captiver l'attention, à la retenir, sans pour autant lui donner l'occasion de s'attarder sur d'éventuels défauts.

Enfin bref, il s'est avéré que mon parti pris d'éclairage n'était pas forcément le meilleur.  C'est-à-dire qu'il était trop semblable à celui d'un photographe, tributaire de la nature davantage que le peintre.  Mieux valait, a priori, changer mon fusil d'épaule et éclairer davantage la partie du fond en contact avec le côté le plus sombre du visage et vice versa.  C'est toujours un peu risqué, un changement d'avis aussi radical en cours de réalisation, mais bien m'en a pris, au final.  Enfin, je vous laisse juges...

Portrait_Pascale

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