Profusion

Toujours obnubilée par les pages encore blanches de mes Moleskine, j'ai vagabondé sur le Net à la recherche d'inspiration auprès de mes confrères carnettistes.  Et voilà que j'ai découvert, grâce à un blog, le site de Mattias Adolfsson (http://mattiasa.blogspot.fr/p/sketchbooks.html), un suédois, le fils naturel de Quino et Moébius, parrainé par Juan Jiménez lui-même :

 

Je suis dans un état de sidération jubilatoire intense.  Voilà un fondu du trait noir qui a tout pour me plaire : de la poésie en pagaille, de l'absurde à petite dose, un sens de l'observation de sioux, une âme d'archiviste et, cerise sur le gâteau, une immense tendresse pour ses modèles, aussi communs puissent-ils sembler de prime abord.  En bonus, il aime les petits chiens, et ne se sent pas obligé d'afficher à leur encontre une cruauté désinvolte très à la mode de nos jours parmi les bipèdes en mal de sauvagerie.  Comme si la disparition des mammouths obligeait désormais les chasseurs inactifs que nous sommes à justifier malgré tout d'une certaine dose d'instinct sanguinaire, avec des proies à la mesure de notre talent de prédateur...

Bref.  Ne nous privons pas d'un autre échantillon de ce travail d'horloger du tracé impeccable :

D'une certaine façon, sa propension à saturer l'espace me rappelle les commentaires d'un guide lors d'une visite de l'Alhambra de Grenade, qui nous expliquait que chez les musulmans, l'accumulation d'un motif répété à l'infini pouvait seule nous faire approcher de la perfection.  D'où l'architecture chargée dudit palais, fait d'une sorte de dentelle minérale truffée de médaillons déclinant le nom de Dieu en plusieurs milliers d'exemplaires, jusqu'à l'ivresse. 

Je sais que le dépouillement est à la mode et il m'arrive même de l'apprécier parfois, à petite dose.  Mais voilà, on est comme on est et ma nature a horreur du vide...  Dommage que le calife du coin ne cherche pas de graphiste pour la déco de sa résidence d'été, tiens !