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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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17 janvier 2012

L'esprit opportuniste

J'ai enregistré une émission sur la compétition entre quatre artistes selectionnés pour le prix Marcel Duchamp.  Olivier Picasso en était le présentateur et nous faisait faire la visite de hauts lieux de l'art contemporain, autant dire la 4ème dimension pour moi, terrée au fin fond de ma campagne, entre deux poulaillers malodorants et le canal de Bourgogne.  Je suis toujours fascinée par les aperçus que j'ai de temps à autre de ce milieu apparemment tout petit, comme le disait l'un des lauréats, qui avouait croiser toujours les mêmes personnes dans les manifestations à la mode.  En l'occurrence, il s'agissait de faire la connaissance de deux peintres, d'un sculpteur et d'un peintre-sculpteur, aux démarches franchement dissemblables.  Tous investissaient une énergie folle dans leurs créations, à leur manière très personnelle, allant du tourbillon créatif dévorant à l'obsession maladive, en passant par la conception ultra-cérébrale.

Evidemment, c'est celui que je trouvais le moins intéressant, parce que davantage dans la posture que dans la création échevelée, qui a remporté le fameux prix.  Il m'arrive systématiquement la même chose à chaque élection, d'ailleurs.  Les sondeurs devraient s'arracher mes services à prix d'or : le "tocard" que j'écarte d'autorité parce qu'il n'a, selon moi, aucune chance, ne manque jamais de remporter le plus grand nombre de suffrages.

Mircea_Cantor

En l'occurrence, il s'agissait de Mircea Cantor, qui aligne de petites empreintes digitales colorées par groupes de 7, parce que le 7, c'est son nombre...  Bonjour l'irréfutabilité de l'argument !  M'enfin, bon, au moins, il argumente un peu, ça n'est pas le cas de tout le monde.

Finalement, ce que je retiens de ce reportage genre StarAc' de l'Art, c'est que la démarche de chacun de ses artistes est intéressante en soi et susceptible de leur occuper la tête à plein temps (et la mienne un petit moment).  Le corollaire, c'est que le résultat n'est pas toujours exposable étant donné qu'il s'agit d'une sorte de chaînon manquant dans une recherche en cours.  Une collectionneuse évoquée dans le reportage avait fait l'acquisition d'une sorte de portique rouge monté de travers, qu'elle avait fait installer au beau milieu de son gazon; autant l'avouer franchement, l'artefact extravagant lui pourrissait la perspective et ravageait son jardin.  Et pourtant, il devait être hautement signifiant dans le parcours de son créateur.

Si je veux être tout à fait sincère, ces infortunés collègues candidats à la plus haute distinction ont pâti de la découverte que j'avais faite dans la journée d'une collection de photos insolites destinée à diffuser largement des oeuvres de Street Art via les réseaux sociaux.  Et tout à coup, j'ai compris ce qui manquait aux oeuvres enfermées dans les musées d'art contemporains, aussi prestigieux soient-ils : l'opportunisme !  Synonyme d'adaptation aux circonstances, donc de vivacité d'esprit, voire de génie.  D'un côté, des créateurs se torturent les neurones pour creuser en profondeur, voire laborieusement, un sillon personnel; de l'autre, des artistes nomades imposent à leur environnement immédiat une empreinte à la fois très personnelle et complètement universelle, en s'appropriant le monde et en relégant les inventions poussives qui ornent les galeries au rang de simples tâtonnements inachevés.  A mon sens, les créations spontanées du street art ont une chose en plus, un petit truc qui change tout : l'esprit.

Street_art

 

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