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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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6 janvier 2012

Le cas Ewa K

A chaque nouveau numéro de pratique des arts ses découvertes épatantes.  J'aurai certainement l'occasion de reparler d'une sculptrice assez géniale fascinée par l'oxymore "la puissance de la femme", mais je préfère m'attarder aujourd'hui sur un autre mystère de l'histoire, contemporaine cette fois, non plus maya.  Je parle de l'évolution - l'involution? - d'une aquarelliste de grand renom en France, la polonaise Ewa Karpinska.  Son nom revient encore et toujours dans les publications spécialisées, elle propose des stages et a écrit des ouvrages sur le cycle de l'eau, après avoir suivi un temps l'enseignement de Jean-Louis Morelle, un pionnier en la matière.

Voici un exemple des oeuvres par lesquelles elle s'est fait connaître :

ewa_karpinska_souffle_l_eau_6197_450_450

On y remarque un usage tout à fait personnel des retraits de couleur par ajout d'eau pure et grattage.  Avec une belle maîtrise des temps de séchage, cette aquarelliste s'est forgé une méthode pour strier les surfaces à mesure que son papier, au préalable trempé dans un bain d'eau, sèche.  C'est une technique exigeante, qui demande un long entraînement pratique et une familiarité avec son papier et ses instruments née d'exercices acharnés.

Il faut bien lui reconnaître ça.  C'est après que les choses se gâtent, à mon avis, quand l'astuce devient systématique.  Comme une marque de fabrique.  Aussitôt, l'ennui s'installe du côté du spectateur.  Ou alors il faudrait ne connaître qu'une oeuvre de l'artiste à la fois.  Sinon, ça finit par faire un peu comme les chansons de Didier Barbelivien...  

Ewa_K_2           Ewa_K_3

Au départ, ça évoquait des éléments naturels reconnaissables; des flots tumultueux, des branchages, des nervures végétales, etc.  Puis petit à petit, les manies techniques ont pris le pas sur le sujet, et il n'est plus resté que des structures mouvantes un peu écoeurantes, à mesure que l'artiste s'affranchissait du réel.  J'ai une amie qui appelle ça "se barrer dans l'abstrait", comme si l'acte de peindre à lui seul était suffisamment grisant pour emporter le créateur dans un tourbillon purement gestuel, quasiment hypnotique. 

De ma place de spectatrice, j'ai le sentiment d'être laissée pour compte, d'assister aux bacchanales égocentriques d'une personne dont je ne partage pas l'ivresse.  Et je n'entends pas ce discours sur cette forme d'art si "généreuse" qui consiste à se vider les tripes sur une toile en espérant "toucher" le spectateur.  Je manque certainement d'empathie, c'est un fait, mais je trouve qu'à force d'exploiter systématiquement les mêmes ressources, comme une obsession, si on finit par imposer son style, reconnaissable entre tous et donc "bankable" à la mode de l'Ecole de Chicago, en revanche, on s'éloigne petit à petit du coeur véritable de son acte créateur.  Et je continue à penser qu'on se ferme aussi toutes les autres portes artistiques et à ignorer tous les chemins passionnants qu'un peu d'intrépidité permet d'explorer.  L'histoire de Mondrian m'a semblé l'illustrer et je crains qu'Ewa Karpinska, à présent bien installée dans son rôle d'icône, n'emprunte le même sentier.  C'est à peu près aussi triste que ses dernières aquarelles.

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Commentaires
Y
Rien à ajouter. Merci Marie pour ce recadrage salutaire.<br /> <br /> L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible. Paul Klee
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M
Vous n'avez absolument rien compris à l'Art... N'importe quel artiste, illustrateur, graphiste, photographe, cinématographe aura son propre style. Prenez Léonard de Vinci, Andy Warhol, Woody Allen, Quentin Blake, Van Gogh... Vous saurez immédiatement reconnaître leur style, leurs oeuvres vont se ressembler sous certains traits. Mais ce qui fera la différence d'une oeuvre à l'autre, c'est la perception qu'on en tire selon notre propre vécu. Donc évidemment, si vous n'avez qu'un pauvre vécu affectif et manquez cruellement de passion (ce qui semble être votre cas puisque vous vous définissez vous-même comme quelqu'un manquant d'empathie, toutes mes condoléances...) évidemment vous ne comprendrez-pas ses oeuvres. Car l'Art, ce n'est pas la représentation fidèle du monde réel, comme dont vous semblez vous contenter. L'Art à proprement parler, ce n'est pas celui des artistes du dimanche, qui ne savent qu'essayer de se rapprocher le plus possible d'une photographie pâlotte sans âme, sans texture ni intérêt quelconque, dans le seul but d'avoir une reconnaissance de la part de leurs conjoints ou proches. Or à en voir votre travail, nous pouvons nous mettre d'accord sur le fait que vous faites partie de cette catégorie. Ainsi que sur le fait que la raison pour laquelle vous dénigrez le travail d'Ewa Karpinska naît sans aucun doute de votre frustration, car vous savez pertinamment que vous n'arriverez ô grand jamais à sa cheville.
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N
Là, je suis complètement d'accord avec toi peut-être parce que son travail n'éveille pas d'émotion en moi, c'est vrai que la technique poussée à l'extrême vide ici l'oeuvre de son sens.
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C
Je trouve que là est le problème : quand la technique ronge la création, celle-ci finit par disparaître. Ce qui est intéressant, je trouve, c'est d'adapter une certaine technique, comme un fil rouge, sur une série d'oeuvres et quand celle-ci a donné tout ce qu'elle pouvait donner, on en utilise une autre. Sinon il n'y a plus de personnalisation, juste de la "standarisation" et c'est l'ennui assuré et la lassitude pour le visiteur. C'est aussi trop facile. pourquoi peindre quand on ne créée pas ? L'âme n'existe plus, l'oeuvre est morte !
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