Tout passe et rien ne change

En faisant quelques recherches pour une prochaine peinture, je suis tombée sur les portraits des sarcophages égyptiens de l'époque romaine du Fayoum, que j'avais découverts dans un Palettes d'Alain Jaubert.  Déjà à l'époque (en regardant le documentaire, pas dans l'Antiquité!), j'avais été frappée par la modernité du traitement que les peintres égyptiens avaient réservé aux défunts, qu'ils paraient de leurs atours les plus élégants et animaient d'une étincelle de vie assez surprenante.

Cette fois, je suis restée en admiration devant ce double portrait, pour deux raisons :

Tout d'abord, la cohabitation tragique de ces deux jeunes hommes dans la même tombe, pour le drame familial que cela laisse supposer.  Ensuite, leurs expressions comme prises sur le vif.  Moi qui travaille au quotidien avec des jeunes gens de cet âge-là, je suis restée interdite par le talent de ce peintre anonyme qui a si bien su saisir ces regards que je vois tous les jours.  En particulier celui de droite, mélange de défi et de doute typique d'une certaine période de la vie.

Cerise sur le gâteau, le frère de gauche est le sosie antique d'un élève de Terminale S auquel je dispense ma grande sagesse cette année.  J'ai soudainement eu le sentiment que ce portrait avait traversé les siècles pour me rappeler que la peinture a ce pouvoir extraordinaire de saisir l'essence d'une personne dans ce qu'elle a d'universel.  Peut-être qu'on regarde trop les oeuvres d'art et pas suffisamment la réalité dont elles s'inspirent...

Comments

[crisou]

On voit que ce sont les vacances ! Quelle inspiration et quel travail débordant! J'apprécie beaucoup ton talent littéraire. Je pense que tu devrais songer sérieusement à éditer tous ces textes riches qui accrochent l'esprit et le regard. Beau cadeau de Noël que tu nous offres... surtout ne t'arrête pas, je serais en manque !