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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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20 février 2011

Arts et Vie touristique

Je faisais le commentaire cette semaine à un collègue membre de la municipalité de Tonnerre que notre petit coin de France pouvait difficilement être sauvé par un renouveau industriel, si bien qu'il me semblait raisonnable de miser sur la culture pour lui conférer un regain d'activité.  C'était plus un voeu pieux qu'une profession de foi, d'ailleurs, mais je suis bien placée pour voir tous les efforts que produisent les créatifs de la région et je ne peux m'empêcher de trouver cela très encourageant.  A la fois, je ne dispose pas des chiffres correspondant à la réalité de l'impact économique de nos activités donc il se peut que je m'illusionne.  Cela dit, entre rien du tout et un petit peu, j'aurais tendance à préférer la seconde solution.  Question d'optimisme, je suppose...

Il est vrai que nous vivons dans une région vraiment privilégiée, d'un strict point de vue naturel.  Le patrimoine dont nous disposons est en outre loin d'être négligeable et l'art de vivre qui est le nôtre présente suffisamment d'attrait pour que nombre de parisiens viennent en profiter, par petites périodes tant qu'ils sont en activité puis plus durablement dès que l'occasion se présente.

Pour un artiste, il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour trouver l'inspiration.  Et cette générosité des paysages environnants trouve un écho dans notre création.  D'une certaine façon, nous tentons de rendre à notre belle région toute l'affection qu'elle nous prodigue et participons à notre manière à sa promotion.

Illustration par l'exemple.

Mon tout petit village pourrait facilement passer inaperçu depuis la départementale qui le traverse.  Tant que je n'y vivais pas, je m'en faisais une idée assez fausse, celle d'un village du Far West coupé en deux parties égales par un axe charriant à l'infini des véhicules qui ne s'arrêteraient de toute façon jamais là, sauf en cas de panne.  Je ne pouvais pas me tromper davantage.  Sans parler de la convivialité qui règne en son sein, il m'a fourni nombre d'occasions de m'extasier sur ses richesses propres.

9_VenduJe commencerai par le pont qui traverse l'Armançon.  A l'occasion de son centenaire, je me suis lancée dans une série de petites encres de Chine pour lui rendre hommage.  Il a été construit par souscription et l'instituteur du village avait participé activement à son financement.  Une autre époque, en bref.  En avril 2009, donc, le village a entrepris d'organiser des festivités pour marquer l'événement.  Pour l'occasion, les archives municipales avaient été décortiquées, la DDE sollicitée, et les habitants s'étaient lancés dans des tas d'initiatives enthousiastes pour participer à leur façon.  Moi aussi, donc, avec les compétences qui sont les miennes.  De dessin a été utilisé pour l'affiche et la communication liées à l'événement.  Je l'ai complété ensuite par une petite série, toujours à l'encre de Chine, en forme de reportage sur un événement qui avait transformé l'apparence de la commune en février 2009 : l'orage extraordinaire qui avait coupé en deux l'immense tilleul qui surplombait le canal.

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La chute de ce géant débonnaire avait littéralement réduit en miettes les containers de recyclage avoisinants.  Tout le village a défilé auprès de lui, comme pour le veiller, et le cantonnier l'a finalement débité en tronçons que nous avons été invités à récupérer, en souvenir du vénérable aïeul.

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Finalement, le tilleul bicentenaire a totalement disparu et tout le monde a bien regretté son auguste silouette.  D'où l'idée de le remplacer en plantant un jeune arbre de la même essence le 25 avril, jour du centenaire du pont.

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Ainsi fut donc fait et un petit tilleul a désormais pris place au bord du canal, à quelques mètres de la dépouille mortelle de son prédécesseur.  Une habitante du village que je connais bien a été officiellement chargée de veiller à son arrosage pendant tout le premier été, et elle a dû bien s'acquitter de sa mission car aujourd'hui, son petit protégé a largement gagné en hauteur.

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Les fanions confectionnés par nos concitoyens, inspirés par les photos d'époque, sont restés encore un peu, après les processions et le festin, puis notre petit village a repris son visage habituel, confortablement adossé à la colline qui domine le canal et l'Armançon.

12_vendu

Avec beaucoup de chance et quelques progrès assez fabuleux de la médecine, on verra peut-être la fête du centenaire du nouveau tilleul de la commune, qui pourra, comme son ancêtre l'avait fait avant lui, dominer de sa haute stature les vieilles maison du village...

Parfois, il fait vraiment bon être peintre dans un tout petit coin de campagne !

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