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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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15 décembre 2010

La voie du Milieu

201062165338860_1_La précision extrême dans le détail n'est pas l'unique apanage des peintres à l'huile.  Les aquarellistes aussi peuvent s'approcher relativement près de l'hyperréalisme.  Le septième numéro de L'Art de l'Aquarelle vient de m'arriver par la poste et je suis tombée en admiration devant les oeuvres d'un portraitiste chinois nommé Hou Wei.  Depuis quelques années, les peintres de son pays font une extraordinaire percée de notre côté du monde, parce qu'ils bénéficient d'une tradition millénaire de la peinture à l'encre mais aussi parce qu'ils ont récemment assimilé les codes qui plaisent aux occidentaux, en fréquentant assidûment les musées locaux.

La Chine est un ferment rêvé pour l'aquarelle, puisqu'elle allie tradition et modernité et peut de ce fait tirer le meilleur parti possible de chacune de ces deux voies.  Nous arrivent donc de là-bas des paysages qui ont le charme de l'exotisme pour nous tout en répondant aux canons de la beauté académique que nous avons intégrés depuis notre plus tendre enfance.  Et les peintres chinois ont une autre force : ils sont nombreux.

Ce qui pose une fois de plus la question de la virtuosité.  On dénombre plus de 10.000 pianistes virtuoses dans l'Empire du Milieu.  Elle n'est donc plus du tout caractérisée par sa rareté.  Les conservatoires ou les écoles d'arts plastiques chinois peuvent désormais produire de la virtuosité de masse.  Ce qui faisait le prix de cette denrée rare, c'était précisément sa rareté.  On pourrait tirer de cette nouvelle donne mondialisée deux conclusions : soit le prix ne sera bientôt plus du tout lié à la notion de qualité, soit les vertus techniques ne seront plus un enjeu dans les activités artistiques, ce qui semblerait donner raison aux peintres que j'aime appeler "tripaux", néologisme dont l'éthymologie évidente justifie l'emploi.  Dans les deux cas, je discerne quelques inconvénients.  D'un autre côté, des oeuvres de grande, grande qualité pourraient être accessibles à davantage de monde et ça, c'est une bonne nouvelle puisque la fréquentation assidue de la beauté ne peut qu'élever l'âme.

Victoria_Prischedko_2Voilà donc les aquarellistes, comme tous les peintres, contraints à se trouver un style.  Une patte.  Une griffe.  Les mots abondent et tous recouvrent un concept assez flou, voire indéfinissable : il s'agit de peindre des sujets différents en s'assurant que le public en reconnaitra l'auteur d'un simple coup d'oeil.  Mais comment ?  Une peintre comme Victoria Prichedko s'est spécialisée dans les scènes urbaines humides de ce type.  Elle utilise toujours la même gamme de couleurs et choisit des sujets qui ont des liens de parenté certains.  Oui, mais si on ne souhaite pas passer sa vie à peindre toujours le même tableau ?  Quelles options reste-t-il au peintre qui papillonne d'une envie à l'autre, ne s'interdit aucune expérimentation, n'est fidèle à aucune technique, et aime autant les portraits que les fleurs ou même les paysages ?  Lui faut-il pour autant renoncer à la reconnaissance du public ?  On peut comprendre les galeristes qui misent sur un nom que les amateurs d'art connaissent déjà mais faut-il pour autant qu'un peintre connu pour ses natures mortes à l'huile soit obligé de signer sous un pseudonyme des aquarelles afin de ne pas "casser" sa cote ?  Là, on contrevient au bon sens pour sacrifier aux lois absurdes de la finance et de la spéculation, à mon avis.

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