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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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25 novembre 2010

Chou-fleur et petite cuisine personnelle

WIP_7La séance d'aujourd'hui n'a pas à proprement parler transfiguré l'aquarelle en cours : je continue patiemment à remplir chaque petite zone de détails qui concourent à accroître la richesse visuelle de l'ensemble.  En d'autres termes : plus de feuilles, plus de branches, plus de trouées de lumière, etc.  Je bénis ce fameux jaune de Naples, que j'ai déjà abondamment mentionné, pour son opacité qui permet de rapporter de la lumière sur des zones sombres, comme le ferait de l'acrylique. Grâce à lui, les cônifères de droite ne constituent pas d'impénétrables gouffres obscurs qui alourdiraient inutilement l'ensemble.  Quelques petites respirations, même minimes, parviennent à aérer les masses vert foncé.  Toutes ces étapes indispensables ne sont pas vraiment spectaculaires, mais il faut néanmoins en passer par elles.  Patience et longueur de temps font toujours plus que force ni que rage, depuis Lafontaine, donc je persévère soigneusement en essayant de ne pas trop me poser de questions.  De toute façon, il neige.

Cette monotonie des tâches à effectuer me permet de revenir sur un sujet que j'avais effleuré, en quelque sorte dans le cadre de mon premier "courrier des lecteurs", puisqu'on me demande comment éviter certains effets indésirables de "repoussé" (aussi appelé "effet chou-fleur") quand on veut fondre deux tons pour obtenir un dégradé. 

On voudrait obtenir un passage suave et sans secousses pour passer d'une teinte à l'autre et on se retrouve avec des zones incertaines ourlées de liserés trop foncés qui délimitent des aires bien définies et ruinent définitivement notre joli dégradé idéal.  En prime, ce genre de désagrément est difficile à rattraper.  Au mieux, à l'essuie-tout, on peut tamponner dans la peinture fraîche pour enlever les surplus de pigments indésirables, mais le phénomène peut se reproduire aussitôt si l'eau est encore trop abondante.  Le mieux, une fois de plus, c'est d'anticiper.  Il est possible pour cela de passer toute la zone du dégradé à l'eau pure avant de poser les couleurs.  On obtient donc une couche mouillée dans laquelle on peut ensuite poser les pigments à grands coups de spalter, éventuellement, en ayant pris soin de le charger suffisamment au préalable, de pigments et d'eau.  On pose d'abord une couleur, puis l'autre, en commençant par l'endroit où elles ne se touchent pas, puis on "tire" les pigments vers l'aire de rencontre, comme ça, ils peuvent se mélanger directement dans la pellicule aqueuse encore épaisse.

Comme ça demande un peu de pratique, autant commencer sur des feuilles de brouillon, pour tester la compatibilité des couleurs entre elles, par exemple, et se familiariser avec la gestuelle appropriée.  Il faut souligner également l'importance du papier utilisé.  Certaines qualités ne se laissent pas facilement imprégner par la couleur et rendent donc difficiles les dégradés car elles n'accrochent pas les pigments, qui se mettent à glisser inconsidérément dans tous les sens. Il faut une pratique de bonze pour parvenir à domestiquer ces dérapages fulgurants.  Certains aquarellistes affectionnent ces papiers-là, non seulement pour les effets qu'ils tirent de ces accidents que je trouve ultra-contrariants, mais aussi pour la possibilité qu'ils laissent au peintre de retoucher son motif quasiment à l'infini car, si l'on rapporte de l'eau sur la couche colorée, même sèche, on peut la décoller du papier et ainsi la retravailler à l'envi.

En bref, si l'on souhaite vraiment adoucir ses dégradés et les appliquer sur de grandes surfaces, pour peindre des cieux, par exemple, mieux vaut opter pour un papier un peu perméable, qui fixera mieux les couleurs et les empêchera de se sauver dès qu'elles le peuvent.  Voici deux exemples illustrant les différents rendus nés de la rencontre de deux couleurs, sur du papier Arches 300 g/m², mon chouchou.

Chou_fleur_2   Chou_fleur_1

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