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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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18 novembre 2010

Trois étapes en deux jours : plus fort que le Tour de France

Après deux séances à l'atelier, le travail est bien engagé.  L'héroïne du prochain tableau est une sorte de camionnette haute sur pattes, qui rappelle beaucoup ses consoeurs déjà immortalisées, pour une béotienne en mécanique de mon espèce.  J'aime beaucoup cette désuétude dans la silhouette, ce côté véhicule de compagnie de Rommel tout droit sorti de Un taxi pour Tobrouk, dont on s'attend à voir surgir au bas mot John Wayne en personne, ou Yves Montant en débardeur si on a un budget plus modeste.

WIP_2Le studio d'animation Pixar n'aurait pas grand-chose à rajouter à l'engin pour en faire un personnage à part entière.  C'est certainement ce qui me séduit chez ces vieux véhicules : on dirait des métaphores motorisées des trois garnements des Vieux de la Vieille !  D'antiques gimbardes pétaradantes refusant obstinément la retraite.  Elles constituent un sujet à elles seules, mais cela n'empêche pas de peaufiner un peu la mise en scène.  Un écrin campagnard instaure un contraste saisissant qui en dit finalement assez long sur la destinée qui attend la plupart de nos créations, comparées à celles de la Nature... Sans oublier les coquetteries dont sont enocre capables les carosseries mises à mal par le temps et les intempéries.

J'aurais pu ou dû me contenter d'un dessin plus léger, sans ombres ni reliefs, mais c'était trop tentant et tant pis s'il ne doit rien rester de cette phase préparatoire.  A présent, j'ai toujours l'excuse de prétendre que si je n'avais pas tant précisé cette étape, on n'aurait rien distingué sur la photo...

WIP_3Avant la mise en couleur, j'ai déposé un peu de gomme à masquer aux endroits destinés à accrocher la lumière, mais la scène entière va baigner dans une sorte de halo doré, si bien que ce sont principalement les pigments qui devront en assurer la luminosité, et pas uniquement le blanc du papier.  La tâche s'annonce d'ailleurs assez ardue.  Pendant que la gomme séchait lentement, je me suis lancée dans l'arrière plan, assez flou, à grands renforts d'eau et de couleurs franches, que j'ai laissées se mélanger à même le papier, en les déposant quasiment pures dans le liquide présent sur la feuille.  C'est ce qu'on appelle travailler dans l'humide, et cela convient très bien aux arrières-plans ainsi qu'aux étendues d'eau.

Quand j'ai quitté les lieux, j'étais très heureuse des chatoiements que je voyais sur le papier.  Il faut en profiter car ils ne durent que très peu : au séchage, l'aquarelle peut perdre jusqu'à 40% de son intensité.  C'est d'ailleurs une grande frustration de l'aquarelliste : personne d'autre que lui ne voit son oeuvre au mieux de sa couleur, pendant qu'elle est encore toute mouillée.  Une fois le tableau encadré, le verre rend un peu de son brillant à l'oeuvre, mais ça n'a rien à voir, et il n'y a pas grand-chose à y faire.  Certains peintres ont pris le parti de vernir leurs aquarelles, pour tenter de leur rendre un peu du lustre qu'ils ont entrevu pendant leur création.  Mais il me semble que c'est un artifice excessivement risqué, étant donné que le verni pénètre dans le papier et dénature à jamais le médium.  Aucune restauration ne saurait donc être envisagée si jamais il se met à jaunir, comme le font la plupart des vernis.

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