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Les secrets de l'Atelier de la Timbale
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14 novembre 2010

La théorie du mille-feuille

Il est grand temps de passer à la couleur.  Là encore, différentes écoles existent : celle de la couche unique et celle des passages multiples, que les gourmands pourraient appeler "méthode du mille-feuille".  Dans le premier cas, le peintre choisit de créer des contrastes uniquement grâce au choc des couleurs entre elles, généralement en se servant d'une convention graphique bien établie : les couleurs froides figurent les ombres, les couleurs chaudes servent à dépeindre les zones les plus éclairées.  Cet artifice suffit amplement à créer l'impression de relief et de profondeur nécessaire à certains sujets.

Ou alors, le peintre peut superposer des lavis pour faire monter son sujet en densité, notamment dans les zones sombres.  C'est la technique que j'ai choisie.  Elle est moins instantanée, mais permet un rendu plus réaliste, voire assez spectaculaire parfois.  Prenons un exemple concret...

Voici une scène de concert choisie lors d'une audition des élèves de l'école de musique d'un village voisin.  Les musiciens étaient venus en famille et leurs petits frères s'étaient installés au premier rang des spectateurs.  Un rayon de lumière entrait par l'une des grandes portes de la salle et en distinguait quelques uns parmis eux.  Il y avait là de quoi intéresser un oeil de peintre en même temps qu'une oreille de mélomane.

Couleur_1

J'ai commencé par poser un lavis assez fluide des couleurs dominantes du fond, sans me soucier de vraisemblance.  La porte était d'un bleu soutenu, mais le soleil faisait scintiller certaines parties qu'il fallait donc réserver dès le début.  La première couche correspond donc à la couleur la plus claire qui allait rester sur la version finale de cette zone-là.

Couleur_2

Dans un deuxième temps, pendant que je commençais à travailler sur certains personnages, j'ai "fait monter" le bleu de la porte, c'est-à-dire que j'ai appliqué une deuxième couche du même bleu que la première fois, mais beaucoup moins dilué.  Là encore, je n'ai pas vraiment soigné l'apparence de l'ensemble, car je savais que j'étais encore loin du rendu final.  Inutile donc d'être trop pointilleuse à ce stade.

Couleur_3

Petit à petit, les reliefs de la porte ont été précisés, en laissant toujours le reflet de droite inchangé.  Il avait été prévu dès le départ, il n'y avait donc aucune raison de le modifier en cours de route.  C'est pour ces questions-là qu'il faut avoir la tête à ce qu'on fait.  Ce travail en strates ne permet pas d'erreurs.  Si on badigeonne trop inconsidérément, on peut perdre tout bonnement ce qu'on avait passé des heures à préparer en amont.

28

Quelques couches plus tard, voici le résultat final : les personnages sont au complet, le rayon de soleil a été soigneusement réservé, sur leurs cheveux et leurs vêtements, et notre porte a bénéficié de quelques ajouts généreux de pigments quasiment purs de ce même bleu utilisé depuis le début, au point qu'il a l'air noir dans la zone d'ombre projetée par le garçon à la casquette.

Difficile de dire exactement combien de fois je suis revenue sur ce simple élément du décor, car tout s'est fait en même temps.  Pendant qu'un lavis séchait, je travaillais sur une autre zone, puis je revenais sur la porte lui en rajouter un, puis j'attendais de voir le résultat une fois sec, le tout dans un mouvement de va-et-vient échelonné sur plusieurs jours.  Une véritable école de la patience...

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